Formation, adieu la barrière de l’âge !
« Ce n’est pas au vieux singe que l’on apprend à faire la grimace
. » Cet adage français a traversé les années depuis le XIXe siècle et, s’il marque une notion de sagesse, il est surtout empreint d’une notion d’expérience. En la matière, l’âge est plutôt un facteur bénéfique et la capacité mémorielle des individus se construit également autour de cette mémoire de l’expérience. Elle amène les apprenants à être en mesure de comprendre et d’apprendre plus facilement de nouvelles notions en fonction de leur expertise. En cela, l’âge est un facteur bénéfique. Finalement, chaque âge a ses points forts. Explications.

La barrière de l’âge, ce neuromythe récurrent

Il existe plusieurs neuromythes concernant le fonctionnement du cerveau. Par exemple, certains affirment que nous n’utiliserions que 10 % de ses capacités. C’est faux. Nous utilisons bien l’intégralité des capacités de notre cerveau, et cela même en dormant. Un autre mythe a également la dent dure, comme le soulignent Philippe Gil, Philippe Lacroix et le Dr Nadia Medjad dans leur ouvrage Neurolearning : « Tout se joue dans la petite enfance pour apprendre. »

Là encore, c’est faux, et heureusement ! S’il est vrai que la petite enfance est un âge où le cerveau évolue et se remodèle intensément, il n’en reste pas moins que le cerveau continue d’apprendre à tout âge. « L’homme est neurologiquement programmé pour apprendre toute sa vie, et ce jusqu’au plus grand âge », affirment ainsi les trois auteurs, spécialistes des neurosciences et de la formation.

Pour autant, cela ne signifie pas qu’un adulte apprendra une langue vivante aussi vite qu’un enfant. L’apprentissage d’une nouvelle langue reste possible à tout âge, toutefois elle demande souvent plus d’efforts et de temps, passé 30 ans. C’est une réalité. Différents éléments viennent influencer le processus d’apprentissage au fil des ans. Une vie équilibrée, une alimentation variée et de l’activité sportive sont les alliés d’une bonne mémoire.

Le principe latin d’un esprit sain dans un corps sain est toujours valable, deux mille ans plus tard. Par ailleurs, un cerveau entraîné, régulièrement sollicité, apprendra mieux également. Comme un muscle, il sera alors à même de répondre plus efficacement aux sollicitations. Et si le facteur génétique a certes de l’importance, ce sont aussi les aléas de la vie, les chocs émotionnels, les petits et grands tracas qui peuvent influer sur notre capacité à mémoriser.

On apprend à tout âge

Pendant longtemps, les neuroscientifiques ont pensé que les neurones cessaient de se multiplier, et même devenaient moins nombreux, passé 25 ans. Heureusement, de nouvelles études démontrent que cette idée est fausse et que le processus de neurogenèse se poursuit tout au long de la vie. C’est en tout cas ce que soutient Matthias Kliegel, responsable du laboratoire du vieillissement cognitif de l’université de Genève. S’il est possible d’apprendre à tout âge, le cerveau a toutefois tendance à ne pas utiliser les mêmes fonctionnements d’apprentissage en fonction des périodes de la vie. En effet, certains types de mémoire sont plus développés en fonction de l’âge.

Patrick Lemaire, professeur en psychologie cognitive au sein de l’université d’Aix-Marseille et directeur de recherche au CNRS, explique : « La mémoire évoluant au cours de la vie, certaines capacités ont en effet tendance à disparaître et d’autres à apparaître ou à s’améliorer. » Et de poursuivre : « Ce qui s’appuie sur une base de connaissances accumulées au cours de l’expérience permet aux personnes âgées d’avoir de bien meilleures performances cognitives. »

L’exemple type est celui du médecin d’expérience qui saura détecter une anomalie sur une radio, plus rapidement qu’un jeune médecin qui n’aura pas encore engrangé assez d’années de pratique pour être capable de repérer l’anomalie en un coup d’œil. En revanche, la mémoire de travail qui correspond à l’apprentissage des tables de multiplication est une mémoire où les plus jeunes sont les plus performants. En somme, dès que l’expertise rentre en jeu, alors les plus âgés sont de formidables apprenants.

Apprendre à mieux apprendre, est-ce possible à tout âge ?

Plus on utilise sa mémoire, plus elle se renforce. Les neuroscientifiques parlent de réserve cognitive. Par contre, certaines pratiques de « brain gym », que l’on peut traduire par gymnastique du cerveau, ne sont que peu efficaces pour stimuler l’apprentissage, notamment selon les auteurs de Neurolearning. Par exemple, faire des mots croisés ou des sudokus ne vous permettra pas de mieux retenir ce que vous avez mangé la veille. Pourquoi ? Tout simplement parce que les deux ne reposent pas sur le même principe de mémorisation.

L’un fait appel à la mémoire épisodique, tandis que l’autre correspond à une mémoire sémantique. Par ailleurs, il existe un autre facteur clé lié à la mémorisation, c’est l’attention portée à l’information. En effet, pour qu’elle soit stockée « correctement », il est nécessaire de porter une véritable attention à ce que vous souhaitez mémoriser. Et souvent, avec l’âge, c’est cette attention qui peut faire défaut dans la mémoire épisodique. Par contre, la capacité de stockage reste sensiblement la même à tout âge.

C’est donc la façon de mémoriser qui compte. Il est important de mettre du lien et surtout du sens entre les différentes informations à retenir. Nous aurons ainsi plus de difficulté à retenir une suite de chiffres sans lien logique qu’une chanson qui nous raconte une histoire, comme Le Pénitencier de Jean-Philippe Smet.

Du point de vue du formateur

Avoir conscience, en tant que formateur, que l’âge n’est pas un frein à l’apprentissage, bien au contraire, peut permettre également de nourrir de plus grandes attentes vis-à-vis des apprenants plus âgés. C’est un effet Pygmalion, qui vise à avoir des attentes élevées envers une personne et pousse cette dernière à vouloir les atteindre. Il s’agit donc en premier lieu de ne pas freiner la motivation.

Si la motivation est présente, il faut également avoir conscience que chaque âge à ses points forts en matière de mémorisation et qu’il sera bon de les prendre en compte dans le processus d’apprentissage, tâche ardue quand les collaborateurs peuvent avoir des âges très disparates. Dès lors, s’il est bon de mettre en place des plages de formation présentielle afin d’expliquer les notions, de détailler certaines données pratiques, le processus de mémorisation de ces données aura plus de succès s’il est individualisé et personnalisé.

En cela, l’Ancrage Mémoriel® et l’Adaptive Learning permettent d’apporter une solution à cette nécessaire personnalisation face au processus de mémorisation.

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