Les palais de mémoire, pour devenir un superhéros de la mémoire ?

Le palais de mémoire est une méthode ancestrale qui continue de faire ses preuves parmi les champions de la mémoire et peut être utilisée par tout un chacun au quotidien. Formidable technique, elle ne se résume pas à apprendre des listes de mots au kilomètre. Elle a aussi du sens dans l’utilisation que nous faisons de notre mémoire au jour le jour.  

Une vieille technique qui fait encore ses preuves ?

À une époque où il n’était pas question de compter sur un smartphone pour envoyer des notifications de rappel, sur un ordinateur pour compulser des pensées et discours ou encore sur un GPS pour aller d’un point A à un point B, les Latins ont dû s’appuyer sur leur mémoire. En ce temps-là, il était indispensable de retrouver son chemin sur des routes romaines encore en construction ou alors de se souvenir de ses rendez-vous de la semaine ou du mois. Et pour des hommes comme Cicéron, il était essentiel d’optimiser la mémorisation des savoirs pour l’écriture d’ouvrages ou l’apprentissage de discours. Cicéron, et d’autres après lui, se basait alors sur une technique nommée « méthode des loci » ou « palais de mémoire », décrite notamment dans La Rhétorique à Hérennius.

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Et là encore, il faut bien l’avouer, c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes. La preuve en est que le champion de France de mémoire, Sébastien Martinez, utilise cette technique, comme il l’explique au journal Le Monde dans cette vidéo.

Le journaliste du Monde lui a proposé un petit exercice de démonstration, consistant à retenir les 50 pays les plus émetteurs de CO2 en 10 minutes. Pour mémoriser cette liste de mots, il utilise donc la méthode du « palais de la mémoire » qu’il explique en ces termes : « J’ai utilisé une pièce, chez moi, et en plus pour chaque pays, je l’ai associé à quelque chose qui me parlait. Par exemple, pour les États-Unis, j’imagine un coureur de 100 mètres. Et j’imagine chez moi, devant la porte d’entrée, un Américain en train de courir et, dans chaque lieu, je stocke différentes associations mentales et cela me permet facilement de pouvoir retenir des listes à l’infini. »

Quelle utilité au quotidien pour cette méthode ?

En plus de l’expérience de ce jeune passionné de la mémoire, une étude parue dans Neuron en mars 2017 est venue remettre sur le devant de la scène cette technique de mémorisation qui fait encore ses preuves dans le milieu des sportifs de la mémoire. Pour cette étude, des chercheurs des Pays-Bas, des États-Unis et d’Allemagne ont réuni des champions de la mémoire et des quidams, présentant des caractéristiques d’âge, de santé et de QI similaires. L’expérience démontre que le « palais de mémoire » permet à tout un chacun de retenir des listes de mots de façon plus efficace et sur la durée. Et plus vous vous entraînez à retenir des listes de mots, plus il devient facile de les apprendre. « Vous conservez des performances mnésiques élevées, même sans poursuivre votre entraînement », comme le souligne Martin Dresder, l’un des auteurs de l’étude. Le cerveau est un muscle et plus on l’utilise, mieux il fonctionne.

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Ce que cette technique met en avant, c’est que notre cerveau a besoin de lien pour mieux retenir. Il lui sera ainsi beaucoup plus difficile de retenir une liste de mots sans cohérence, les uns mis à côté des autres, plutôt qu’un poème, par exemple. Et s’il est permis de faire des liens utiles, il est également possible de faire des liens « loufoques », comme nous l’explique Sébastien Martinez. Il faut se raconter une petite histoire à chaque fois, de celles qu’il sera alors facile d’aller chercher ensuite.

Cette méthode de mémorisation peut donc être utile au quotidien, dans la vie personnelle comme professionnelle. Cela nous donne une façon simple de retenir ce que nous avons besoin de garder en mémoire. Dans certains métiers, comme celui d’avocat, de médecin ou même de linguiste, il est pratique de savoir compulser rapidement des listes de mots à rallonge. Pour les étudiants, il devient plus facile de retenir une leçon, et pour les collaborateurs, il est plus aisé d’intégrer des règles de sécurité ou de compulser et de retenir un catalogue de produits. À nous, finalement, de mettre cette technique en pratique au quotidien pour créer des liens de mémorisation plus forts.

Du côté du formateur

Le « palais de mémoire » est donc une bonne méthode de mémorisation, dès qu’il s’agit d’apprendre des listes de mots. Elle demande toutefois une énergie et une concentration accrue, qu’il n’est pas toujours possible de mobiliser en formation. D’autant que l’un des points essentiels d’une bonne formation réside dans la capacité des apprenants à restituer ensuite au bon moment les savoirs mémorisés. Enfin, apprendre peut être un sport, toutefois apprendre en formation doit aussi comporter une dimension plaisir, afin d’avoir avec soi la motivation de l’apprenant, qui reste l’élément central de la formation.

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